Histoire, culture et libertéHistoire, culture et liberté
Pierre Paradeis
Né le 18 juillet 1940 à Metz (57 – France)

Après 6 années dans le scoutisme (scout, chef de patrouille libre, assistant de troupe) de 12 à 18 ans, je me suis engagé au Foyer des Jeunes de mon village (1500 habitants) . A 18 ans, bien qu’encore mineur (la majorité légale à l’époque était 21 ans) j’ai pris la responsabilité du Foyer des Jeunes (accompagné par un comité d’adultes, structure officielle, qui fort heureusement laissait aux jeunes beaucoup d’autonomie et de responsabilité)

Ce Foyer adhérait avec 80 autres Foyers de Jeunes à l’Association Départementale d’Organisation des Loisirs (A.M.O.L.) qui organisait également des colonies de vacances. L’A.M.O.L. avait fait appel à un permanent du Centre de Culture Ouvrière (CCO) National, Jean CELTON, pour assurer la coordination de ses actions. C’est ainsi que j’ai découvert le CCO et par la même occasion les valeurs de l’Education Populaire. J’ai pris conscience alors de l’importance d’être acteur dans la société et de la nécessité de permettre à toutes les femmes et à tous les hommes de s’exprimer, de créer, de dialoguer, d’exister, d’être reconnu, d’être un citoyen actif.

J’ai suivi des stages au CCO : initiation à la Politique, initiation à l’Economie, découverte du syndicalisme, expression corporelle, théâtre, conduite de réunion…Les actions de promotion individuelle et collective se sont développées rapidement au sein du Foyer des Jeunes : soirées débat sur des sujets de société grâce aux fiches Infordoc, des ateliers d’expression et de création, du théâtre, soirées cabaret-spectacle etc……De nombreuses rencontres et échanges avec des responsables d’autres Foyers de Jeunes de Moselle, un brassage avec des militants issus du monde rural, des secteurs de la sidérurgie, des mines de fer, des mines de charbon dont certains étaient à la J.O.C (Jeunesse Ouvrière Chrétienne). D’autres dans le mouvement syndical ont permis à un grand nombre de jeunes et à moi-même un enrichissement mutuel.

Cette réflexion commune, ces prises de responsabilité nous ont conduits à nous prendre en main et à créer une Fédération de Foyers de Jeunes autonome, qui a adhéré au CCO, aujourd’hui, c’est la Fédération Culture et Liberté de Moselle.

Parmi les actions qui m’ont le plus marqué dans mon parcours de 47 années avec le CCO et ensuite avec Culture et Liberté, c’est une action qui s’est déroulée à Verdun en Meuse quelques mois avant des Elections Municipales. Dans un Centre Social d’un quartier populaire, une équipe locale du CCO a proposé à des mères de famille de se former sur le rôle et les responsabilités d’un Conseil Municipal et j’ai été sollicité pour assurer cette formation. A notre première rencontre, nous avons passé un long moment à trouver des horaires pour la formation car de nombreuses mères de famille n’osaient pas se réunir le soir de crainte des réactions de leurs maris : en effet, pour ces maris, il était inconcevable de rentrer du travail et de ne pas trouver leur femme à la maison, avec le souper préparé et les enfants prêts à se coucher. Aussi nous avons convenu d’organiser les formations sur dix après-midi réparties sur plusieurs mois. Au fil des mois, je me suis aperçu d’un véritable changement chez ces mères de famille qui prenaient de l’assurance, n’hésitaient pas à faire des enquêtes dans le quartier, dans les services municipaux, elles avaient pris conscience de pouvoir être des citoyennes actives dans leur quartier, dans leur ville. Quelques mois plus tard, au moment des élections municipales, plusieurs de ces mères de famille acceptaient d’être candidates sur une liste municipale de gauche sans se faire trop d’illusions sur les résultats. Résultats inattendus : la liste a gagné les élections municipales de Verdun. Avec à sa tête quelques responsables du Centre Local du CCO la nouvelle équipe municipale comptait plusieurs des mères de famille ayant suivi la formation. L’histoire ne dit pas ce que pensèrent alors les maris « machos » mais ils ont du apprendre à cuisiner et à s’occuper de leurs enfants les soirs de réunions municipales.

Témoignage de Pierre PARADEIS, militant du C.C.O. et de CULTURE et Ancien Président de CULTURE et LIBERTE National


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