Le monde m’a oublié, je suis devenu une archive...

« Ma formation civique de base, ça a été Infordoc ». Ainsi s’exprime un militant de Culture et liberté de 58 ans. Infordoc c’est un objet culte, le couteau suisse du militant d’éducation populaire. Lorsqu’il anime une soirée-débat, lorsqu’il conduit un stage, il a dans son cartable l’Infordoc correspondant au sujet ! Cette revue est un « outil » au sens propre du terme. Diffusée à 10 000 exemplaires (chiffre de 1972), elle a de multiples fonctions : c’est un condensé de l’essentiel à connaître sur un sujet, et en même temps elle donne des clefs de lecture de la société. Au départ, elle a le format d’un livre de poche, se présente sous forme d’un petit dossier, avec des fiches qui y sont insérées. Infordoc changera par la suite de forme, accompagnant sur plus d’une trentaine d’années les évolutions du mouvement Culture et liberté. La périodicité varie selon les périodes, mais vaille que vaille, la revue paraîtra jusqu’en mai 1994. Sa fabrication est l’oeuvre de militants passionnés, ayant pour quelques uns des compétences de journalistes professionnels. Une œuvre !

« Pour faire un Cahier Infordoc, il faut un minimum de trois semaines : huit, dix jours pour avoir l’article demandé, cinq, six jours pour obtenir les premières épreuves de l’imprimeur avant la mise en page, six, sept jours pour le tirage et deux, trois jours de routage et d’expédition » (Infordoc n° 187, fin mars 1967, sur « La presse en France »).