Annette et Joël (ils sont tous les deux salariés du Centre national de Culture et Liberté) empruntent la passerelle du canal de l’Ourcq. Ils s’apprêtent à accueillir une nouvelle vague de stagiaires, envoyés par l’ANPE. Tout à l’heure, les stagiaires se retrouveront dans la grande salle de la CFDT (car nos locaux du passage de Flandres voisin s’avèrent trop exigus) ; ils seront comme d’habitude une soixantaine, pour passer une série d’entretiens individuels.

Finalement trente ont été retenus. Ils sont de toutes origines, de tous âges. Ils viennent pour suivre un stage de remise à niveau avec Culture et Liberté, qui va durer trois mois. Remise à niveau en français, remise à niveau en calcul… Le grand monsieur souriant est réfugié, ingénieur dans son pays, l’Iran, mais il parle mal le français. La dame africaine au sourire éblouissant est aussi réfugiée, mais on la comprend mal. Le credo officiel, c’est « apprenez le français et votre insertion sera plus facile ».

Nous les répartirons ensuite par groupes de niveau et ferons notre travail pour les aider à s’insérer. Mais dans quoi et où ? Les dispositifs ne vont pas jusque là. Quel rôle jouons-nous dans ce jeu tragique de la survie ? Ces questionnements nous conduiront à imaginer un système pour pallier les carences des dispositifs.