Histoire, culture et libertéHistoire, culture et liberté
Noël Barré, Culture et Liberté Sarthe
Noël Barré
Né le 17 novembre 1929, à Saint Laurent sur Sèvre (85)

Comment avez-vous connu Culture et Liberté ?

J’ai connu Culture et Liberté par André Levillain, un des fondateurs de Culture et Liberté Sarthe, dont j’étais le voisin ; nous habitions le même quartier ! Depuis 1965, André, Gigi (sa femme) et moi-même étions également dans la même équipe ACO (Action Catholique Ouvrière). C’est par eux que j’ai entendu parler du MLO (Mouvement de Libération ouvrière), avant qu’il fusionne avec le CCO (Centre de Culture Ouvrière) pour devenir Culture et Liberté.

Prêtre/jésuite, je suis arrivé dans la Sarthe fin 1963 avec le projet d’être prêtre-ouvrier dans la métallurgie. Je me suis syndiqué CFDT en 1965. Je travaillais dans l’usine de métallurgie OHMIC, qui fabriquait des résistances : 850 personnes dont 85% de femmes (souvent jeunes) et d’OS (Ouvrières Spécialisées). Les problèmes de formation sont apparus très vite. La formation syndicale d’abord, car nous devions défendre nos conditions de travail (qui étaient très dures), nos droits sociaux et nos salaires. Puis, la formation générale, car les femmes avaient des besoins très divers : apprendre à nager, apprendre à s’exprimer, connaître le fonctionnement des services publics…

En 1972, j’ai été chargé par la CFDT Métallurgie du département de la Sarthe de suivre les questions de formation et d’organiser des sessions de formation. Je travaillais avec une trentaine d’entreprises. C’est dans ce cadre que j’ai fait appel à Culture et Liberté, car je trouvais que l’association était plus soucieuse du développement personnel que ce que pouvait proposer la CFDT (plus centrée sur les aspects professionnels de la formation). C’est comme cela que je me suis retrouvé avec un pied dans la formation à la CDFT et un pied dans la formation à Culture et Liberté !

Ah ! Ce fut un bonheur de rencontrer Culture et Liberté. J’ai longtemps été un « simple » adhérent, car j’avais des responsabilités à la CFDT et dans le collectif des jésuites ouvriers. Je me suis plus impliqué à Culture et Liberté, une fois à la retraite, à 55 ans (1985).

Un ou des moment-s qui vous a-ont marqué-s ?

Un moment qui m’a marqué, c’est tout le débat autour de l’école, avec le rapport de Bernard Defrance en 1974. Je m’y suis bien impliqué. On a animé des débats sur : « qu’est-ce que l’école aujourd’hui ? », « Qu’est ce que la culture aujourd’hui ? », « Que met-on en œuvre pour mettre les gens debout ? ». Pour animer ces moments, les outils tels que les montages-audiovisuels nous aidaient bien. Pendant des années, j’ai aussi animé une commission « Ecole », à l’Union départementale CFDT. A Culture et Liberté, les moments forts, c’étaient les débats ! Cela m’intéressait et m’agaçait à la fois. En effet, il y avait une petite tendance à « l’entrisme »… A l’instar de ce rapport de 1974, des gens venaient avec des idées fortes, mais ils ne restaient pas forcément dans le mouvement…

Autres moments forts, cette fois-ci à l’échelle du mouvement. J’ai participé à quelques assemblées générales et congrès. J’en garde un souvenir intéressé et « dramatico-amer ». Après le congrès d’Albi en 1993, Culture et Liberté Maine-et-Loire a quitté le mouvement. Je connaissais des militants du Maine et Loire. Je n’ai jamais compris exactement pourquoi on avait tant de différences dans nos conceptions.

J’ai aussi assisté à un débat très intéressant, à Castres avec des élus locaux sur le thème « Associations et pouvoirs publics, comment cela fonctionne-t-il ? Les associations au service de ? ».

J’ai connu Antoine Lejay, Alain Manac’h, Pierre Paradeis…En 1979/1980, j’ai fait un voyage de 15 jours en Algérie avec Culture et Liberté. Avec le petit groupe que nous étions, on rêvait tous d’une victoire de la gauche en 1981 ! C’était déroutant de voir la manière dont l’Algérie était gouvernée, la manière de vivre, la démocratie (syndicat unique, parti unique…).

Que représente pour vous le mouvement Culture et Liberté ?

On en a vécu des choses ! On a inventé, imaginé, créé, animé des modules de formation !

Culture et Liberté, pour moi, c’est un outil de développement culturel dans les entreprises et les quartiers. C’est apprendre à s’exprimer, à écouter, à débattre, à conduire des projets, à en faire des bilans, les analyser…en y incluant toutes les formes d’expression (théâtre, musique, dessin, peinture…).

A Culture et Liberté Sarthe, on faisait ce qu’on pouvait ! Selon les périodes et les contextes, on avait plus ou moins les capacités de « faire ». Dans les années 70, il n’y avait pas de gros problèmes d’emplois encore et les formations étaient variées. Après, on a fait plus de formations professionnelles et de réinsertion ; certaines formations ont ainsi disparu.

Culture et Liberté Sarthe a fait un choix en 1985, dans lequel j’ai surement pesé. Nous parlions beaucoup des besoins des chômeurs, mais on ne les voyait jamais ! Alors j’ai approuvé que Culture et Liberté aille à leur rencontre ! Et on est entré dans les différents dispositifs d’état et les chantiers d’insertion… Le débat sur le sujet a été très riche. Avec Patrick Brossard (permanent et coordinateur de l’époque) et quelques autres associations du Mans, nous étions d’accord pour faire des chantiers d’insertion, mais pas n’importe comment. Et, nous voulions pouvoir les faire évoluer !

Aujourd’hui, je suis sympathisant de CL72 et je suis les affaires de près. J’ai classé les archives jusqu’en 1995. J’ai participé au groupe de relecture de l’histoire de CL72, avec Françoise Tétard. J’ai également réfléchi avec l’ensemble des acteurs de l’association sur le projet politique local…

Propos recueillis par Alexandra Mahéas, le 17 juillet 2009.


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