Histoire, culture et libertéHistoire, culture et liberté
Jean Marquet
Jean Marquet
Né le 2 mai 1947 à Til-Chatel (21) en Bourgogne

Comment as-tu connu Culture et Liberté ?

J’ai d’abord connu le CCO (Centre de Culture Ouvrière). A l’époque je travaillais comme coursier dans une banque parisienne, dans un service directement rattaché au PDG, c’est dire si j’étais promis à un bel avenir ! ... mais j’étais aussi syndicaliste à la CFDT et délégué du personnel - par dérogation car j’étais trop jeune ! C’est là, dans cette banque et surtout dans la section CFDT, que j’ai rencontré en 1967 Jacqueline Nizet une militante du CCO. Dans ces années là, le CCO organisait des cycles de formation en soirée et le week-end, sur l’économie, la politique, l’expression, le droit... La camarade a du penser, en observant mes lacunes, que ces formations me feraient beaucoup de bien ! Elle m’a donc suggéré de m’y inscrire. De fait, ces formations m’ont beaucoup éclairé sur la nature de la société et les forces en présence, sur l’action syndicale et surtout sur l’intérêt d’y introduire des pratiques d’éducation populaire. J’y ai mieux compris les enjeux de transformation sociale et l’importance de s’appuyer sur les ressorts de la culture ouvrière, c’est-à-dire celle de mon propre milieu. Bref, cela a conforté mes convictions militantes et m’a pas mal équipé pour les traduire en actes personnels et collectifs. Au cours de cette formation, quelqu’un est venu présenter l’INFAC, centre de formation d’animateurs professionnels créé 5 ou 6 ans auparavant par le CCO et le MLO (Mouvement de Libération Ouvrière). Ça m’a ouvert des perspectives plus excitantes qu’une carrière de banquier ! D’autant que pendant la fête de 68, outre mes activités syndicales de la journée, je passais mes nuits au FIAP (Foyer International d’Accueil de Paris) que les mouvements d’éducation populaire occupaient ! Je peux te dire qu’en plus de l’ivresse de l’occupation, les débats permanents auxquels je participais avec appétit ont renforcé mes envies de militantisme ludique. Lier activité professionnelle et engagement militant devenait pour moi une évidence, quelque chose qui allait de soi, une sorte d’état naturel, plus tripal que raisonné !

J’ai donc intégré l’Infac en octobre 1968 pour une formation professionnelle de deux ans, j’avais 21 ans. J’ai là aussi bénéficié d’une dérogation car ils ne prenaient les garçons qu’à 23 ans, 21 ans c’était pour les filles qui étaient considérées comme plus mures ! Incroyable, n’est-il pas ?

Oui mais alors, Culture et Liberté…

A cette période (1968/1969) le CCO et le MLO, qui avaient déjà renforcé leur coopération depuis leur création commune de l’INFAC, se préparaient à fusionner pour faire un mouvement plus fort et résolument décentralisé. L’enjeu était d’adapter les pratiques d’éducation populaire à la puissante mutation culturelle de la société révélée par mai 68. L’objectif était de contribuer plus efficacement au développement culturel du monde du travail comme levier de mobilisation sur le terrain. L’intention était de développer la capacité d’auto organisation des travailleurs sur les questions qui les concernaient directement, travail, éducation, rapports hommes/femmes, loisirs, consommation, santé, etc…

La fusion s’est faite en 1970 pour donner naissance au mouvement Culture et Liberté auquel s’est associée l’ADELS (Association pour la Démocratie et l’Education Locale et Sociale créée en 1959) qui n’est d’ailleurs pas restée très long temps. Dès sa création, Culture et Liberté s’est affirmé comme une composante du Mouvement Ouvrier, participant à ses luttes avec les outils de l’éducation populaire.

Il est d’ailleurs intéressant de noter que le mot « association » était quasi absent de notre vocabulaire interne. Nous nous nommions moins par notre statut que par la nature et le sens de notre action. [...]

Témoignage recueilli par Alexandra Mahéas en mars 2009

Retrouvez l’intégralité de ce portrait ci-dessous


Décor
Nous écrire
envoyer l'article par mail title=
Décor