Histoire, culture et liberté

Le groupe de base

Alex, Paul MASSON — 2009-03-02T14:18:20Z

Appelé parfois "groupe local" est présenté, dans le rapport d'orientation de 1972, comme « lien, favorisant la confrontation et le partage des expériences,…. C'est un carrefour où se rencontrent les différents types de militants engagés dans toutes les formes de développement culturel au sein d'une unité de vie, quelle qu'elle soit… colloque permanent d'hommes et de femmes remettant sans cesse sur le tapis le projet de développement culturel qu'ils formulent ensemble sur l'unité de vie à laquelle ils appartiennent…. C'est à partir de cette expérience de base, quotidienne que le projet culturel se définit et se réalise » ...
« son objectif principal est d'entrer dans un travail concret de développement culturel (sensibilisation, animation, formation). »
Il permet de partir de l'expérience quotidienne de chacun pour définir et mettre en œuvre le projet culturel.

Françoise TETARD et Christian LEFEUBVE, dans leur livre « Culture et Liberté, une naissance turbulente… » paru en 1998, analyse cette « structure - creuset de l'idéologie du mouvement », lieu privilégié pour la réflexion – action

Extrait de la synthèse des idées forces qui ont irrigué le mouvement Culture et Liberté, Vu par Paul Masson

information - formation - animation

Alex, Paul MASSON — 2009-03-02T14:17:41Z

Lors de l'assemblée générale constitutive, Culture et Liberté, parlant de son projet de développement culturel, déclare : « Cette politique ne peut se limiter à de vagues replâtrages ou des mesures de détail. Elle nécessite une action d'ensemble rigoureuse et vigoureuse dans les domaines essentiels que sont l'information, l'animation et la formation »

Dès 1970, l'association indique les 3 domaines essentiels de son action, et leur articulation.
Ils reprennent trois des quatre domaines déjà préconisés, en 1966 dans la charte du MLO. Le 4ème domaine : la saisie des évènements politiques, économiques et sociaux, n'est pas repris explicitement.

L'action culturelle émancipatrice que propose Culture et Liberté, n'est pas un ensemble d'activités d'information, de formation et/ou d'animation, mais une action d'ensemble articulant information (appelé parfois sensibilisation) - formation – animation.

L'action culturelle émancipatrice, proposée par Culture et Liberté, est un processus inscrit dans la durée. L'avant, le pendant et l'après activité sont toujours pris en compte dans la réflexion / action conduite par les groupes de base

Extrait de la synthèse des idées forces qui ont irrigué le mouvement Culture et Liberté, Vu par Paul Masson

dialectique institution / mouvement 2

Alex, Paul MASSON — 2009-03-02T14:14:03Z

La dialectique institution / mouvement est également la référence pour construire la vision humaniste de la société.

La construction démocratique de la société ne saurait se limiter au libre fonctionnement des institutions de la république . Ces institutions nécessaires pour permettre à la démocratie de fonctionner dans la durée, ne constitue qu'un pôle de la démocratie.

Le fonctionnement démocratique intègre la prise en compte du mouvement social .
La construction démocratique passe autant par la vie associative, l'action revendicative, l'éducation populaire que par les élections à intervalle régulier.

Pour Culture et Liberté, la démocratie est le fruit du droit de vote lors d'élections libres et du droit de grève, de manifestation, de désobéissance civique,... lorsque les valeurs sont bafouées….

A la légitimité démocratique des élus, s'ajoute la légitimité démocratique du « fait associatif ».

La construction de la démocratie est le fruit du rapport dialectique entre deux légitimités démocratiques différentes et d'égales valeurs : du rapport dialectique entre institutions de la république et mouvement social.

Extrait de la "Synthèse des idées forces qui ont irrigué le mouvement Culture et Liberté, Vu par Paul Masson"

dialectique institution mouvement 1

Alex, Paul MASSON — 2009-03-02T14:13:44Z

Le concept de dialectique Institution mouvement est présent dans le projet de création de Culture et Liberté. La nouvelle association se fonde sur une alliance entre le MLO, mouvement d'actions revendicatives et le CCO, institut de formation. La nouvelle organisation se veut expérimentation d'un modèle de société.

Pour conduire son combat émancipateur contre l'aliénation culturelle, Culture et Liberté doit être un mouvement. L'association doit disposer d'une capacité de mobilité pour accompagner le processus d' action- réflexion.
En même temps, l'association doit disposer d'une structure, qui permette au mouvement de s'inscrire dans la durée. C'est cette structure qui est appelée institution.

Cette structure doit rester souple dans son organisation, capable d'adaptation pour répondre aux besoins toujours changeant du mouvement.
Et le mouvement doit se donner une structure pour assurer son rôle dans la durée.
Cette recherche permanente d'équilibre entre ces deux pôles est appelé dialectique institution mouvement.

Ce même concept est repris pour la construction sociale

Extrait de la "Synthèse des idées forces qui ont irrigué le mouvement Culture et Liberté, Vu par Paul Masson"

réflexion – action

Alex, Paul MASSON — 2009-03-02T14:13:23Z

la « réflexion-action » est une démarche d'éducation populaire pour penser l'action de transformation sociale au regard de la finalité de l'association.
Cette démarche, faite dans le groupe de base comporte 3 étapes :
Le premier temps est un constat produit par le groupe : Quelle est la situation insatisfaisante pour les personnes concernées ? En quoi cette situation est insatisfaisante au regard des valeurs humanistes qui nous fondent ?
Dans un deuxième temps, le groupe cherche à comprendre pourquoi est-ce ainsi ?, il recherche les causes de cette situation, les enjeux pour les différents acteurs, les conséquences qu'elle peut avoir dans le futur,
Dans un troisième temps, le groupe envisage l'action qui pourrait modifier cette situation en la rendant d'avantage conforme au projet de société souhaité par l'association.

Lors d'une prochaine rencontre, le groupe revient l'action engagée.
Il évalue la nouvelle situation, et l'analyse avec la même démarche pour décider de la suite à donner à l'action.... et le processus réflexion-action continue

Extrait de la "Synthèse des idées forces qui ont irrigué le mouvement Culture et Liberté, Vu par Paul Masson"

Tous formés, tous formateurs

Alex, Paul MASSON — 2009-03-02T14:12:47Z

Pour Culture et Liberté, l'organisation sociale capitaliste qui établit des « séparations entre ceux qui pensent et ceux qui exécutent, ceux qui décident et ceux qui consomment,…[4] » « rend les travailleurs impuissants, passifs, résignés[9]. » Elle est source d'aliénation culturelle.

Pour mettre en œuvre son projet de "développement culturel", Culture et Liberté propose une démarche qui associe l'ensemble des personnes à la « réflexion-action ».
Elle permet à chacun de
se cultiver par l'action collective,
se former, en s'appropriant les apports des autres acteurs,
et faire bénéficier les autres de ses propres réflexions, ses propres savoirs, ses propres savoir-faire.
Elle permet une émancipation culturelle

Cette démarche a été théorisée dès 1974 et rendu par la formule : « tous formés, tous formateurs. »

En 1995, pour permettre à l'organisation de rebondir, le triangle des acteurs, revalorise la place des exclus du système capitaliste. Il invite l'organisation à les inclure dans la réflexion-action collective.

Extrait de la "Synthèse des idées forces qui ont irrigué le mouvement Culture et Liberté, Vu par Paul Masson"

L'association généraliste

Alex, Paul MASSON — 2009-03-02T14:12:25Z

Puisque, pour Culture et Liberté, l'aliénation culturelle conditionne tous les secteurs de notre vie, le combat culturel touche tous les aspects de la vie de la société.
Aussi, l'association se définit dès le départ, comme une association généraliste.

Toute situation « d'aliénation culturelle » (analphabétisme, conditions de logement, de travail, de chômage, de loisir, de consommation…), vécue collectivement, est potentiellement support de prises de conscience, et d'action de transformation sociale.
C'est à partir de ces situations que peuvent s'organiser les résistances émancipatrices, visées de notre action culturelle.

Extrait de la "Synthèse des idées forces qui ont irrigué le mouvement Culture et Liberté, Vu par Paul Masson"

le triangle des acteurs

Alex, Paul MASSON — 2009-03-02T14:12:06Z

En 1995, Culture et Liberté, « association pour le développement culturel du monde de travail » est en crise d'identité.
La sociologie du mouvement ne correspond plus aux caractéristiques de la classe ouvrière dont l'organisation est issue. Le public qui participe aux activités est très peu composé de travailleurs, un nombre important n'a jamais travaillé et n'a reçu aucune culture ouvrière.

Le triangle des acteurs, proposé à l'université d'été de Sangatte par Luc CARTON, a pour but de repenser la base sociale de l'organisation.

Elle est identifiée par les 3 portes d'entrée dans l'organisation.
Les « Exclus » (majoritaires dans nos actions) Ils ont intérêt au changement car ils sont les premières victimes du système économique. Ils sont nombreux à Culture et Liberté, leur porte d'entrée le plus souvent, c'est la porte « usagers » . mais, plus victimes, ils sont aussi plus marqués par le modèle dominant qui propose comme modèle la loi du plus fort, contraire au développement solidaire.

Les « Citoyens Responsables »
Ils se retrouvent dans l'idée de [Développement Solidaire, sont en accord avec son projet. Leur intérêt est lié à leurs motivations profondes, à l'idéologie, aux valeurs qui les animent.
mais, leurs motivations sont complexes, d'autres motivations plus ou moins conscientes peuvent aller dans un sens différent du développement solidaire (besoins de reconnaissance, peurs existentielles,... .)

Les « salariés » de Culture et Liberté :
Ils disposent de temps et de compétences qu'ils mettent au service du projet du mouvement.

Dialectique : Le projet de C.L. invite chaque individu à une promotion individuelle à travers l'action collective. Il invite chaque acteur à donner du « sens » à son action.

Extrait de la "Synthèse des idées forces qui ont irrigué le mouvement Culture et Liberté, Vu par Paul Masson"

pour approfondir : ici

militant culturel

Alex, Paul MASSON — 2009-03-02T14:11:44Z

En 1972, Culture et Liberté précise son champ d'action : la lutte contre l'aliénation culturelle.
Le combat de Culture et Liberté a pour but de permettre à tous, particulièrement aux « travailleurs », plus victimes du système capitaliste, de prendre conscience de ce qui dans l'organisation sociale les dépossède, les aliène pour leur permettre de s'émanciper par l'action.

En 1974, avec le concept victime, complice et résistant l'association affine l'analyse du rapport aliénation / émancipation.

En 1981, le militant culturel est situé dans un combat émancipateur plus large.
Le rapport d'orientation, présenté sous forme d'une pièce du théâtre[1], symbolise le militant culturel, en résistant. Il agit aux cotés du syndicaliste, représenté en troufion. Celui-ci est au front, en première ligne, pour défendre les droits des travailleurs. Le militant politique est également présent, symbolisé par l'aviateur. Celui-ci essaie de voir les affaires d'en haut. Il élabore des stratégies pour gagner la guerre.

Entre 1994 et 1998, Culture et Liberté va repenser son analyse de la société, élargir le champs de ses alliances. Cela donnera le rapport « Le développement solidaire, un projet d'éducation populaire ».

Extrait de la "Synthèse des idées forces qui ont irrigué le mouvement Culture et Liberté,
Vu par Paul Masson"

aliénation / émancipation

Alex, Paul MASSON — 2009-03-02T14:11:19Z

Dans les textes de 1970, 1972 et 1974, Culture et Liberté, "association pour le développement culturel du monde du travail", défini
son champ d'action : le développement culturel et
son combat : la lutte contre l'aliénation culturelle.

On peut résumer ainsi son analyse de la société :

L'organisation capitaliste véhicule une idéologie autour de la propriété. Elle présente un modèle d'homme, un idéal à atteindre : celui du possédant.
« C'est le possédant qui représente le modèle de l'homme accompli, le maître du jeu, celui qui a le pouvoir, qui détient l'autorité[1] ».
Ce modèle provoque une domination des possédants et de « l'aliénation »[2].
« Cette idéologie, ces lieux communs qui tiennent lieu de pensée, sont produits par notre système économique et politique, le système éducatif les reproduit. Ils se perpétuent de générations en générations et nous dépossèdent de nous même[3] ».
L'organisation sociale différencie et sélectionne ceux qui seront chargés de penser et ceux qui exécuteront. « Nous nous attaquons aux séparations entre ceux qui pensent et ceux qui exécutent, ceux qui décident et ceux qui consomment,…[4] »

Ce modèle est massivement intégré et perçu comme la réalité, et l'idée même de réfléchir au bien fondé de cet ordre échappe au champ de conscience. C'est ce qui est appelé l'aliénation culturelle.

le militant Culture et Liberté est un résistant à l'aliénation culturelle, son champ d'action est le combat culturel.

voir
culture
victime, complice et résistant
militant culturel
tous formés, tous formateurs

Extrait de la "Synthèse des idées forces qui ont irrigué le mouvement Culture et Liberté, Vu par Paul Masson"